🌊 Le mégabarrage de Medog : énergie propre, conflit sale

Sur les hauteurs glacées du Tibet, Pékin lance un projet titanesque : un barrage de 60 000 MW sur le Yarlung Tsangpo, à deux pas de la frontière indienne. Une prouesse d'ingénierie ? Plutôt une démonstration de force géo-hydroélectrique, sans accord ni appel d’offres... ni voisins au courant.

🔌 Une puissance inégalée, à tout prix

60 GW, 300 TWh par an, 167 milliards de dollars : le barrage de Medog explose tous les compteurs. Trois fois plus puissant que les Trois-Gorges, il pourrait électrifier des pays entiers… ou électriser les tensions régionales. Ce projet phare du plan « neutralité carbone 2060 » vise aussi à désenclaver le Tibet. Comprendre : forcer l'intégration d’une région sensible en la branchant sur le réseau national. Pas besoin de consultation locale : le courant passera — que les Tibétains le veuillent ou non. 👉 Reuters

🧭 L’eau comme levier stratégique

La Chine ne veut pas seulement produire de l’électricité : elle veut contrôler le robinet. Le Yarlung Tsangpo devient le Brahmapoutre en Inde, la Jamuna au Bangladesh, et fait vivre des dizaines de millions de personnes. En retenant ou relâchant l’eau « à la demande », Pékin acquiert un pouvoir inédit : prévenir des inondations… ou les provoquer. Pour l’Inde, ce barrage est une bombe à eau au potentiel aussi explosif qu’un missile balistique. 👉 The Guardian

🌱 Écosystèmes engloutis, patrimoine sacrifié

Le canyon du Yarlung Tsangpo est un trésor de biodiversité. Forêts, espèces endémiques, zones protégées : tout risque de disparaître sous les flots. Et avec lui, un pan entier du patrimoine spirituel tibétain. Monastères, vallées sacrées, villages… déjà rayés de la carte ailleurs au nom du « progrès ». La Chine promet une transition verte. En réalité, elle noie les sanctuaires sous le béton. 👉 Wikipedia

⚠️ Entre prouesse technique et faute politique

Aucune concertation, aucun traité, aucun plan B : ce mégaprojet est aussi une démonstration de ce que peut être la transition énergétique version autoritaire. Sans partage des ressources, la décarbonation devient un jeu à somme nulle. La Chine exporte son modèle de centralisation technocratique jusqu’au dernier glacier. Mais au fond de la gorge du Tsangpo, ce n’est pas l’électricité qui gronde : ce sont les tensions hydropolitiques à venir.

🧨 Mégaprojet ou mégabombe ?

À l’échelle du continent, Medog est bien plus qu’un barrage. C’est un test grandeur nature d’un monde sans règles partagées pour l’eau. L’Himalaya devient le nouveau front d’un conflit climatique latent : production contre préservation, souveraineté contre solidarité. Et s’il faut inonder quelques vallées sacrées pour garder la main sur le débit... Pékin semble déjà avoir tranché.